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 Poésie des Années 2010 & Années 80

 

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      390


petit garçon  ton père se dit qu'il n'est pas bien doué

pour filer  immortel  d'entre les doigts de la mort

qu'un jour la matière de son corps ne sera plus animée

que d'un intégral & infernal mouvement de désagrégation

 

petit garçon  ton père se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû

te donner la vie si c'est pour que tu deviennes comme lui

ou pleutre  aigri  prétentieux  ennuyeux et mal-aimant

si c'est pour que tu aies à lire de si effarantes lignes

 

petit garçon  ton père se dit qu'au moment de partir

le peu de dieu que sont les molécules de son âme

chanteront chant d'esprit  danseront danse d'esprit

sur la musique de l'immense joie de t'avoir connu

 

petit garçon  ton père te dit de ne pas trop lui en vouloir

de ne plus pouvoir ni te serrer dans ses bras ni te rassurer

et que quand tu chanteras et danseras de par l'au delà

il sera bel et bien là pour t'écouter et vibrer à l'unisson

 

 

 

- 43

 


 

D’après l’oeuvre peinte de Laurent Signac

 

 

La peinture, la notion de son temps.

La révélation de la nourricière ensevelatrice.

L’être, là devant, lui-même,

en l’innocence du débordement de l’âme;

fonction politique, hautement politique et sociale,

du refuge incontrôlé, laissé incontrôlé.
Le discours à un moment, bref ou long, n’existe plus

quand le temps se désagrège,

quand l’homme s’enfouit, se cache la face, 

s’emplit du poison de sa propre amertume.

La vision s’amplifie dans le silence de la terreur,

de l’inconnu qui passe ou s’arrête.

Le chant d’une danse s’entame, s’essuie, 

s’épuise et encore se cache. Sur la toile.

Etale le feu, éteint, les cendres grises;

contre l’oubli la nostalgie, l’amplitude d’un jour,

d’une lumière, la chute de la pensée cruelle.

S’en va le temps, s’esclaffant de son orgueil,

éclaté, tonitruand.

Une peinture comme un pied dans une flaque,

le ciel et ses idées y partent en mille morceaux.

Sur terre, le peintre.

Tout à l’heure, dans celle-ci.

La mort, le rite, le passage.

Forçant, par l’oblique d’une action délirante,

la raison et les idées qui nous possèdent,

un brassage, remue-ménage, enchevêtrement,

s’opère vers l’unique certain, le tout englobant,

le tout embrassant, le non-multiplié, 

l’infini certain et incertain.

La mise à nu d’une pensée de la certitude 

et de sa mortelle solitude,

dans un mouvement de volonté qui se disloque, 

projeté contre le mur.

La communication, intercommunication, objet extra-terrestre

que le poète allongeant le bras 

saisit de tout son corps tremblant,

en équilibre, déséquilibré, déjà presque en suspension lui aussi.

Le temps n’existe pas, seule la présence et l’absence,

leurs conflits souffrants.

Notre regard nous porte, berceur ou guide, 

dans, au creux de, parmi, dedans ça.

Tag(s) : #Mes textes
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