Poésie des Années 2010 & Années 80
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un bruissement venant d'où on ne sait
un cerf à la ramure aiguisée traverse
en les déchirant les bois désertés
et la clairière d'épaisse lumière
le grillon sous carapace et antennes
cette montagne au loin inaccessible
troublante et obsédante mouvante et
obséquieuse dans ses ondes de chaleur
un personnage est là qui vient d'entrer
au faciès indéterminé presque statue
de chiffon de velours aux rainures satinées
qui parle par sa présence comme un garde
cette clairière n'est pas une arène mais
un lieu de rencontres aux multiples portes
où les êtres de l'ombre peuvent s'avancer
et dans la mi-ombre entamer leur concercle
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Une main moite soutient la chaleur
d’un front dégagé un songe
S’en est allé osseux mélancolique
une mélodie s’échappe
C’est elle se mêle au chant
le flottement hésitant d’un parfum
la chute d’un pli de satin
la fraîche aurore d’une chair femme
Un soupir vit le ciel entier
aspiré par la fenêtre ouverte
les moteurs lancés
véloces bruits de fond
les passants assourdis
rient pensent marchent
regardent en l’air sourient
passent Elle est là
et elle ferme cette fenêtre
et repousse ce courant d’air