c'est ce petit rire
étouffé tout en fin de phrase
qui fait que je vis
comme à tes lèvres suspendu
. un morceau de sucre
qui fond doucement dans la bouche
. un lampion qui brille
et se balance sur son fil
. un bien beau beignet
tel une bouée sur sa mer d'huile
. une volée bénie
de grains de riz de confettis
c'est le tendre rire
d'une espiègle petite fille
qui est maintenant
femme et maman à qui je souris
. un brin d'innocence
comme un remous sous la cascade
. une larme de passé
qui coule ravi sur la joue
. le tiède giron
d'une vallée désendormie
. la pulpe d'un fruit
acidulée un cri : papa!
c'est ce grand sourire
que l'APN avait figé
qui va rayonnant
contre le capteur de mon coeur
. digue qui prend corps
sur une plage émerveillée
. parole lancée
de la gorge vers le grand large
. sur le garde-fou
jambes écartées tu attends
tandis que vers toi
je jette bons mots et ponceau
c'est ce bon sourire
que mon a.d.n. a fiché
engramme de joie
d'un amour toujours à venir
aiguilles en l'air
talons à l'envers : un reflet
au dessus d'un lit
dans un hôtel indéfini
voilà mon esprit
dans le partage de nos souffles
à moitié parti
retenu qu'il est par tel fer
c'est sous cet empire
que je me berce de doux rêves
et que j'en chavire
en un long creux de vague à l'âme
clocher couvre-chef
fantasque stupa haut-de-forme
la grande prêtresse
dans sa bonté cherche à me tuer
valvules en rythme
mitral et connivent reflux
je me vois déjà
affaissé dans les plis de l'aube
c'est dans cette emprise
que je m'abandonne au délice
du lin blanc qui glisse
sur la fine soie de tes cuisses
ingénue tu poses
besace contre le flanc droit
d'où l'oreill' hachée
la fourrure esquintée la tête
de la bête pend
je suis ton lièvre je suis ton chien
et cours dans les landes
sous les ajoncs et les genêts
lointaine exquise
d'un lointain exquis sans merci
estrella-dama
pâle marquise de mon Sud
. joliette et pimpante
. souliers rouges ceinture rouge
. inouïe et grisante
. justaucorps de noir et de blanc
. étrange et vivante
. vastes lunettes de soleil
. orchidée ardente
ceinte brodée teintée aimée
nuit labyrinthique
pèlerinage névrotique
je saisis le fil
de la bobine lien ténu!
je piétine aveugle
j'attrape ta manche et je pleurs
et je me raccroche
à un balconnet de façade
enfoui dans la vitre
à un arbuste dans le vent
qui me fait des signes
au défaut de gouttière : trace
cliché despotique
photographe tu ne vois rien
tout est dans ton dos
t'est tue la vision symbolique
vers le pied du mur
l'ombre tête en avant avance
elle est charitable
et elle sourit et elle est belle
toute en sa photo
traverse son coeur une oblique
la pente d'un toit
où nous pourrions nous abriter
une lionne rugit
seul un lion peut savoir pourquoi
moi je l'entendis
par delà montagnes et mers
à travers mon corps
toutes mes fibres résonnent
de ce cor d'ivoire
j'ai reconnu ton air ma chère
y ai entrevu
de moi un libre esprit femelle
cela me dévore
les chairs de te savoir réelle
je vois des rubis
roulant leur fraîcheur sur ta peau
chapelets diaphanes
fluides fils d'habits de lumière
. un collier au cou
. des bracelets aux poignets
. des bagues aux doigts
fête foraine et phosphorique
moi nu comme un ver
et toi qui viens sur moi me vêtir
et tout brille autour
mon critérium d'aise reluit
penchée sur le lit
d'une mourante soeur jumelle
cette part de toi
agonisante qui t'attire
puissante madone
tu réconfortes tu es douce
dans ta compassion
mais je tremble désapointé
au creux de tes bras
d'âme géante maternelle
les membres mous
je tiens un clou dans la main
le temps trouble zéphir
attise ma braise désir
réchauffes-y-toi
reviens de la mort revis-moi
... fin ...